Il a fallu, comble de
l’ironie, que l’entreprise d’intérim Randstad retire fin octobre 28
intérimaires du site de Dunkerque pour cause de sécurité insuffisante, pour que
l’info sorte un peu (voir les articles de La Voix du Nord et de Nord Littoral)…
Là, il n’y avait pas de
cravate et de chemise blanche déchirée.
Le 26 décembre dernier,
c’est un intérimaire qui est percuté par une chargeuse à Dunkerque. Le 12 avril
un autre est écrasé entre deux wagons encore à Dunkerque. Le 13 juillet, un
troisième est brûlé vif par une coulée de fonte toujours à Dunkerque. Et pour
finir (provisoirement ?) un quatrième qui fait une chute mortelle à Fos le 10
septembre. Quatre ouvriers précaires, sans aucun intérêt médiatique, sans
déclaration gouvernementale ou politique indignée – ne parlons pas du MEDEF…
pour qui ce ne sont sans doute que des pertes collatérales de la guerre
économique mondialisée. Arcelor Dunkerque, ce sont des centaines de
morts ouvriers depuis la création de l’usine en 1962, de plus en plus souvent
parmi les précaires aujourd’hui : comme le relève la CGT de Randstad, ceux-ci
sont deux fois plus victimes d’accidents du travail, et ceux-ci sont deux fois
plus graves. On relira avec émotion (ICI) tous les commentaires à la suite d’un
autre petit article, autour de la mort d’un autre ouvrier sous-traitant fin
2009… Pendant ce temps, Mittal a battu un record de production en 2014 à
Dunkerque et s’apprête à augmenter encore ses résultats dans les années à
venir.
Le capitalisme tue, les précaires sont en première ligne, les précaires
sont les premières victimes.
Les syndicats ont un peu réagi. On trouvera ci-contre les tracts de la
CGT Arcelor et de la CGT Randstad.
Le tract de la CGT Randstad manifeste sa colère et rappelle justement le
tribut de la précarité aux accidents. Mais ne parle pas du tout de l’embauche
des intérimaires, ce qui est quand même stupéfiant et devrait quand même être
la revendication de base d’un syndicat qui intervient parmi les précaires,
quitte à scier sa propre raison d’être, mais c’est quand même l’intérêt ouvrier
général qui doit l’emporter, non ? De son côté la CGT Arcelor met à juste titre
cette revendication au premier plan et a diffusé mi-octobre sur l’usine à ce
propos (mais y a-t-il seulement eu un débrayage ?). En insistant sur le
classement Seveso de l’usine, c’est qui est effectivement un argument de plus,
mais ne change rien à la nécessité « en général » d’embaucher les précaires.
Alors, la CGT de l’usine dénonce l’explosion de la précarité, mais est trop
discrète selon nous sur les accidents et les morts. Pourtant, depuis l’origine,
Arcelor tue, et si les précaires sont plus souvent victimes, c’est qu’ils sont
de plus en plus présents sur le site – c’est la CGT qui le reconnaît. C’est bien la question d’une « usine de la mort » ici posée
sur la table, et il ne faut pas être frileux à ce propos !
L’intérim tue,
embauche de tous les intérimaires !
Ré-internalisation de la sous-traitance !
Non au CDI au rabais, non à la précarité !
Ré-internalisation de la sous-traitance !
Non au CDI au rabais, non à la précarité !
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